« On ne m’a donné aucune priorité parce que tout est prioritaire. » Une formule choc, et sans doute bien préparée, que Patrice Faure rappelle face aux journalistes quelques heures après sa prise de fonctions, précisant ne pas avoir rencontré Emmanuel Macron mais ses collaborateurs.
Le nouveau préfet de Guyane a pris ses fonctions ce lundi matin. Il succède à Martin Jaeger, resté en poste un an et demi, et qui prendra prochainement de nouvelles fonctions à Paris. Patrice Faure, 50 ans, père de six enfants, était auparavant directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris. Formé à Saint-Cyr, il a notamment été chef de cabinet du secrétaire d’État à l’Outre-mer, Yves Jégo, de mars à novembre 2008.
Il arrive à Cayenne six mois après les mouvements sociaux historiques. Il devra notamment piloter le comité de suivi chargé de mettre en œuvre l’Accord de Guyane, avec un plan d’urgence d’un milliard d’euros qui devrait s’inscrire dans la loi de finances 2018.
Mais la liste des dossiers importants à traiter ne se limite pas à cet accord. Le nombre de chantiers d’orpaillage illégal a fait un bond de 78 % ces six derniers mois sur le territoire du Parc Amazonien. Patrice Faure doit rencontrer ce lundi soir le procureur de la République de Cayenne, Eric Vaillant, concernant ce dossier.
L’immigration est aussi un enjeu important : des radars de détection promis aux Forces armées il y a trois ans pour surveiller les côtes guyanaises ne sont toujours pas arrivés. Une réflexion est menée autour de ces équipements dont Mayotte, par exemple, est déjà équipée depuis plusieurs années. « Je ne ferai pas d’actes d’autorité mais je ne m’interdis pas de faire des propositions sur des évolutions législatives » pour gérer un flux migratoire conséquent, a affirmé Patrice Faure sans faire davantage de précisions.
Il s’est interdit de faire des commentaires sur le travail de son prédécesseur en précisant, toutefois : « Il faut rattraper le temps perdu pendant les semaines de perturbations [en mars-avril, ndlr], nous sommes donc obligés de travailler différemment. Ma méthode est extrêmement simple et pragmatique : je passerai plus de temps sur le terrain que dans mon bureau et je serai souvent accompagné de mes collaborateurs. »
Le premier grand temps fort pour Patrice Faure sera les Assises des Outre-Mer attendues à Paris au mois de septembre autour de la ministre Annick Girardin.
