Patrick Karam, président d’honneur du CREFOM et ancien délégué interministériel qui a eu à gérer la crise du LKP en Guadeloupe en 2009, demande solennellement au président de la république, garant de l’unité de la nation, de sortir de son silence incompréhensible comme il l’aurait pour n’importe quel territoire de l’hexagone qui aurait connu une telle mobilisation et de tendre la main à l’ensemble des guyanais, collectifs citoyens, élus, y compris socialistes, syndicats, patronat, qui réclament depuis plusieurs semaines plus d’Etat et le retour de la République.
Patrick Karam met en garde François Hollande car la crise qui menace d’emporter la Guyane pourrait être une tache indélébile sur son quinquennat et pourrait ternir de manière dramatique la fin de son mandat du sang des innocentes victimes guyanaises avec un risque de contagion sur d’autres territoires ultramarins, dont Mayotte et la Guadeloupe notamment.
Des gaz lacrimogènes ont été employés ce vendredi pour disperser une foule pacifique dont des femmes et des enfants qui manifestaient de manière pacifique devant la préfecture pour demander audience au préfet et les manifestants ont dû répliquer par des jets de pierre.
Pour la première fois depuis le début de la crise guyanaise, la force est employée et il faut craindre un engrenage qui va embraser la Guyane.
Patrick Karam dénonce avec la plus grande fermeté l’emploi de la force inutile en l’espèce qui tend un peu plus une situation désormais bloquée.
La population est à bout, l’essence et la nourriture sont rationnés, les enfants ne sont pas scolarisés, les commerces sont fermés, les salaires ne sont pas versés. La fatigue, la déception devant l’attitude de l’Etat qui refuse d’entendre les justes revendications des Guyanais, tous solidaires de ce mouvement, rend encore plus la situation volatile.
Il ne s’agit pas d’aide d’urgence contrairement à la communication du gouvernement mais bien de remise à niveau d’infrastrutures inexistants ou en mauvais état avec des investissements qui s’étaleront sur au moins 10 ans.
Les manifestants demandent la constuction d’écoles pour scolariser leurs enfants (5000 enfants ne sont pas scolarisés en primaire), des prisons et des commissariats pour assurer leur protection et leur sécurité (le taux d’homicide en Guyane la rapproche des pays voisins comme le Brésil ou le Guyana), de dispensaire et de rénovation des hôpitaux dans un état pitoyable…
Le président de la république est aujourd’hui le seul à pouvoir mettre un terme à une situation qui risque de déraper à tout moment et d’embraser la Guyane en cas de bavures. Sa responsabilité est grande. Il doit se montrer à la hauteur des enjeux au nom des intérêts de la République. Il doit désormais s’exprimer pour porter une parole d’apaisement.