Entre « réflexe outre-mer » et déni de nos spécificités, le Gouvernement et sa majorité ne savent plus sur quel pied danser. Au cours de la même journée, deux mesures contradictoires ont été adoptées dans le projet de loi Logement examiné par notre Assemblée. Face à un texte qui, je le rappelle, permettra désormais la vente en bloc de logements sociaux à des opérateurs privés – ce qui constitue une véritable braderie de notre patrimoine commun à des spéculateurs immobiliers – , l’opposition a ce matin obtenu une grande victoire en faveur de la protection de nos régions des outre-mer. Après de longs débats, le Gouvernement a finalement accepté de supprimer l’article 12 septies introduit par les députés En Marche en Commission. Cet article inique et dangereux, initié par des lobbies, prévoyait de remettre en cause, pour les seuls « territoires ultra-marins » et « territoires insulaires » de l’Hexagone, la loi Littoral. Contre toute logique préservatrice de notre environnement, cet article, proposé et adopté par la majorité avec le soutien du Gouvernement, autorisait les constructions ou installations nécessaires à des équipements collectifs sans garantir la préservation pourtant nécessaire de notre patrimoine naturel et paysager de nos côtes. Grâce à une grande mobilisation de l’ensemble des élus de l’opposition, nous avons su faire entendre raison à la majorité et l’avons convaincue d’adopter les amendements socialistes de suppression de cet article. Malgré cette lueur d’espoir et seulement quelques heures après ce vote, la majorité En Marche a cependant refusé mon amendement de suppression de l’article qui habilite le Gouvernement à procéder, par voie d’ordonnance, à une nouvelle rédaction des schémas d’aménagement régional (SAR) des régions d’outre-mer. Certes, l’élaboration des SAR est complexe mais cette complexité est garante d’une maîtrise et d’un développement du territoire voulus et décidés consensuellement par les acteurs locaux. Qu’un débat soit ouvert sur la complexité du dispositif je veux bien, mais je ne comprends pas cette volonté de faire porter le risque d’un anéantissement du travail longuement mûri en local et d’un contournement délibéré des expériences et besoins du terrain. La différenciation des politiques publiques ne doit pas se faire à géométrie variable, entre le « débrouillezvous » et une recentralisation des décisions. Je demande au Gouvernement comme à la majorité d’entendre nos revendications, de travailler en bonne intelligence et de ne pas, sous prétexte d’efficacité et de pragmatisme, mettre en péril les outils qui garantissent notre développement et préservent notre environnement.
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